Enfin le petit article sur la période calendaire du moment, en ce jour de la nouvelle lune de l’intersaison.

Environ 40 jours après l’équinoxe d’Automne, l’obscurité est presque à son maximum. L’automne est avancé et presque toute la nature semble s’arrêter, se cacher ou disparaitre.
Cette intersaison entre l’automne et l’hiver, entre le Métal et l’Eau, est le moment où le soleil donne l’impression de ralentir. Il arrive vers l’extrémité minimale de son mouvement qui sera atteinte lors de la période du solstice d’hiver.

Définition. Niveau physique

La fête de Samain était une grande fête attestée dans les récits. Elle durait 3 jours avant et 3 jours après, soit 7 jours en tout. Fêté le 1er Novembre, c’est à l’origine d’Halloween.

Samain, était si présent dans les esprits que l’Église n’a pu le détourner, à tel point que sa fête des Saints, reste toujours la fête des morts dans l’esprit des vivants. C’est la période où l’on dit que ces deux espace-temps se rencontrent.
Durant la nuit de Samain, le temps s’arrête, il n’y a plus de frontière entre les mondes, celui des vivants et celui des morts. C’est le moment d’honorer et de respecter nos ancêtres. En particulier avec l’intention de les remercier de cette vie transmise jusqu’à nous, qu’à notre tour nous offrons à nos enfants.

Paysage Montagne Automne

Origine :

La fête celtique de Samain, c’est tout d’abord la célébration de la nouvelle année. En effet, l’année celte était divisée en deux grandes périodes : la saison claire, qui va de Beltaine début mai jusqu’à Samain, qui elle marque le début de la saison sombre. Mais loin d’être un passage léger d’une année à l’autre comme l’est notre Saint-Sylvestre, cette nouvelle année celte était plus qu’une simple date sur le calendrier : c’était un moment hors du temps, autant engagé dans l’hiver que dans l’été mais qui n’appartenait ni à l’année écoulée ni à celle qui commençait.

Ainsi, espace-temps capable de sortir d’un cycle pour entrer dans un autre, Samain est hors du temps, hors de l’espace et entre les ancêtres et les vivants il n’existe plus de limite.
Cette fête marque le moment où la nature se rétracte et meurt en apparence, mais contient à l’intérieur le germe du renouveau, le pouvoir de retrouver la vie alors que tout semble mort.

Symbolisme, religions et spiritualités

Dans la tradition Celte, cette fête est considérée comme la plus importante des quatre grands festivals celtiques (Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasadh).

Son nom signifie extrémité de l’été. Samain est autant engagé dans l’hiver tout proche que dans le souvenir de l’été, qui s’efface déjà, dont il ne s’agit plus que de consommer les fruits et les récoltes. C’est donc aussi une fête de fermeture de l’année écoulée et d’ouverture de l’année à venir.
C’est la fête dont on a le plus de traces, et qui est comme le premier de l’an Celte. Chez eux, comme chez de nombreux peuples premiers le cycle ne commence pas à la naissance visible des choses mais avant, comme le cœur d’un enfant, qui bat avant sa naissance. Le nouveau jour commence à minuit, chaque nuit contient la promesse du futur lever de soleil et donc du nouveau cycle.

C’est la fête de la vieille femme, de Cerridwen qui emportera dans son chaudron nos douleurs et nos misères, c’est la fin de l’été mais aussi l’espoir du prochain et le début de l’année druidique. La grande Déesse emporte dans son chaudron nos scories douloureuses et porte sur nous son regard chargée de ce qui a été vécu. Le figures de vieillesse et de sorcière sont nombreuses pour évoquer ce moment de l’année.

On peut lire toute l’importance de cette célébration dans les grands récits de la mythologie celtique puisque c’est souvent une date-clé dans les batailles épiques ou les légendes qui y sont racontées.   
C’est un moment de rencontre avec l’autre monde: quand le voile entre les mondes s’amincit.
Pour les Celtes, le monde des vivants n’était séparé du monde invisible (où résident notamment les dieux et les esprits des morts) que par un voile. Lors des célébrations de Samain, ce voile devenait si fin que les hommes avaient accès à l’autre-monde et inversement. On disait notamment que les messagères des dieux venaient chercher les heureux élus à cette date. Nombre de légendes, batailles et histoires de la mythologie celte se déroulent à ce moment, car la rencontre des hommes et des dieux, rendue possible par la finesse du voile entre les deux mondes, était source d’aventures, voyages initiatiques et de banquets de guerriers et druides.

Sur une note plus légère, le banquet est un élément important de cet événement. Au roi, aux nobles et aux druides, on donnait des fruits choisis mais surtout de la viande, à savoir du bœuf et du porc. Samain marquait en effet la période à laquelle les porcs, élevés pendant l’automne celte (notre été) étaient abattus. Au-delà de cet aspect purement pratique, il faut noter que le porc était l’animal consacré à Lugh, l’un des dieux les plus importants du panthéon celte, donc sa présence au festin de Samain n’est pas une coïncidence.

Étrangement le mois du sanglier ou du cochon est également qui annonce l’hiver, début novembre dans le calendrier chinois.
C’est également le dernier des douze mois du cycle annuel chinois. Il débute quelques jours après le 1er novembre et singe la fin de l’intersaison et le donc le début de l’hiver.

Dans le Yi Jing, l’hexagramme qui peut être lié à cette période est le 23 : L’usure.

Cette étape de l’année parle de l’effacement, de la disparition ; le Yang usé se retire pour se renouveler.
C’est le retour à l’indéfini, le Yin insondable, La nuit est omniprésente et promet le repos, la régénération.
C’est donc quelque part un mouvement qui nous reconnecte non pas à notre individualité, mais au contraire au groupe plus large et fait disparaitre non particularité au profit de la ressemblance au collectif, à notre famille aux autres humains.

Cette période symbolisée par l’hexagramme dont le seul, trait yang au sommet, est “poussé” hors de la figure par les autres traits yin, en plus de parler de l’aboutissement d’un processus, d’une fin nous invite à contempler certains sentiments.

L’effacement nous évoque aussi la disparition de la chaleur, de la lumière, et viennent avec les sentiment de perte, de crainte, et la nécessité de lâcher prise face au changement inexorable et aux disparitions temporaires ou définitive que nous rencontrons.

Il peut s’agir d’un invitation à accepter les changements, l’alternance des cycles ou étapes. Cela peut aussi nous emmener à questionner notre rapport au lâcher prise, si ce moment est difficile à vivre.
L’abandon du contrôle pour accompagner le changement qui se fait est il source de tensions ?
Laisser les choses se clôturer, s’en aller ou bien tout simplement accueillir tout ce que nous fait vivre la disparation de moments, choses ou personnes est un exercice profond et délicat.
Et ce qui disparait a l’étonnant pouvoir de créer de la place pour ce qui va venir, et invite la création du nouveau, si notre esprit ne s’attache pas au passé et à ce dont il croit manquer.

Pratiques

Voici une liste des différentes pratiques et rituels associés à la période Samain et à l’ambiance spirituelle, profonde et sombre de ce moment de l’Automne.

Corps et niveau matériel

  • C’est l’occasion d’un moment de partage en famille ou entre amis pour regarder des films ou raconter des histoires : Monstres, sorcières, fées, dames blanches, lutins et autres créatures d’Halloween
  • De façon tout à fait légère c’est se préparer à accueillir ou à accompagner des enfants (ou adultes) qui souhaitent fêter Halloween. Créer des décorations ou évider des citrouilles pour y mettre des bougies. Avec l’arrivée du christianisme et la fusion des traditions celtiques avec les célébrations chrétiennes, Samain a été assimilée à la Toussaint (le 1er novembre) et à la veille de la Toussaint, appelée All Hallows’ Eve (la veille de la Toussaint), qui a évolué pour devenir Halloween.
  • L’heure est à la fête et au festin entre proches. Samain invite plutôt à rentrer dans nos chaleureux foyers, à garder auprès de nous les personnes les plus proches et à partager un bon repas dans la gaieté. Après tout, c’est avec eux, que l’on va traverser les mois de gelée à venir. Et si on respecte vraiment la tradition, alors on laisse une place à table pour nos défunts avec une assiette remplie de nourriture que l’on offre, et on dîne en silence.
  • Un rituel important peut être d’allumer un feu, tel un phare éclairant les ténèbres qui se présentent à nos portes. On éteint alors toutes les lumières et tous les feux, pour rallumer le feu de la nouvelle année (celte) qui sera béni, accompagné de prières ou gestes symboliques pour chacun selon ses croyances.
    L’idéal est d’avoir une cheminée un lieu sur où l’on rallume le feu, à défaut des bougies que l’on rallume une par une après avoir éteint les lumières et contemplé quelques instants l’obscurité.
  • Allez fleurir les tombes, voire même aider à nettoyer un cimetière et à remettre en état une tombe laissée un peu à l’abandon.

Sentiment et niveau relationnel

  • Passez du temps avec les anciens : aller rendre visite à vos grands-parents s’ils sont encore vivants, à des voisins ou amis âgés, passer un moment avec eux et écoutez-les raconter leurs histoires. Ils ont beaucoup à nous apprendre et se sentent souvent seuls. Et si vous ne pouvez pas vous rendre à leurs côtés, appelez-les.
  • Honorer les défunts, en commençant par ceux qui sont décédés le plus récemment. Vous pouvez allumer une bougie, disposer des photos ou des objets qui leur ont appartenu, vous remémorez des anecdotes qui les concernent et leur envoyer de l’amour en pensée. C’est la période idéale pour traverser la tristesse et
  • Connectez-vous à votre lignée (maternelle ou paternelle) en faisant des recherches sur eux ou en ressortant de vieux documents et d’anciennes photos. Essayer de connaitre notre lignée, faire un travail généalogique, peut amener des prises de conscience sur nous-mêmes ou des découvertes et une compréhension plus profonde de nos proches.
  • Ce moment de l’année est également celui qui peut accompagner un temps de bilan et la décision de se séparer de choses, projets ou activités qui ne nourrissent plus ou arrivent à leur terme.
  • C’est une période favorable pour un temps d’introspection et d’accueil sur la culpabilité, et aussi le lâcher prise.
  • Questionner notre rapport au contrôle, au changement indépendant de notre action, à l’alternance de situations de confort et d’inconfort, de confiance et de peur.

Pensée et niveau psychique

  • C’est le moment le plus opportun de l’année pour penser à nos proches décédés. On peut sortir les photos de famille, parler d’eux ou bien simplement se remémorer leur vie, leur personnalité et se relier à eux pour un conseil sur notre vie ou célébrer la joie, les bons moments qu’ils nous ont apportés.
  • Méditer sur la notion de disparition liée à l’hexagramme 23. Soit à la manière bouddhiste contempler notre propre disparition et accueillir ce que cela nous fait vivre, soit voir ce qui a disparu de notre vie (situations, objets, occupations ou personnes) et voir ce que l’espace créé par cette absence a permis.
    On voit souvent l’absence comme quelque chose de vide et de négatif, mais l’absence d’un travail stressant, d’une personne désagréable ou d’un objet permet de vivre des choses agréables. C’est bien la disparition du soleil qui permet de voir les étoiles.
  • On arrive dans la période a plus sombre, pendant laquelle nous sommes confrontés à la notion de fin de cycle. On fait le bilan, on laisse, on se débarrasse.
    Cela peut être un temps de réajustement et nous permettre de quitter ou lâcher ce qui ne nous convient pas, afin d’avoir de la disponibilité et de l’espace pour ce qui nous conviendrait. Rien de nouveau ne peut apparaitre si l’ancien ne laisse pas sa place.

Conclusion

Samain était bien plus qu’une simple célébration saisonnière pour les Celtes. C’était un moment où les dimensions spirituelle et naturelle étaient en équilibre délicat, où les vivants et les morts pouvaient se rapprocher, et où la communauté renforçait ses liens pour faire face aux mois sombres de l’année. Aujourd’hui, bien que beaucoup de ses aspects aient évolué et se soient transformés en célébrations modernes comme Halloween, la mémoire de Samain persiste comme un lien avec les anciennes traditions et une célébration de la vie, de la mort, et du cycle éternel de la nature.
Nous connecter à ce moment de disparition/transformation invisible, en être conscient et avoir confiance que cela prépare secrètement, en souterrain, une suite et un renouveau déjà en germe peut nous amener un ancrage intérieur apaisant pour traverse les mois de la période sombre.


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